Histoire du Vietnam

Les origines du mot Vietnam
Le nom Vietnam signifie “les Viet du Sud” (Nam) ou “ le Sud people par les Viet”. Le mot Viet est la prononciation vietnamienne du caractère chinois Yue qui signifie “au delà”, “loin”. Il a aussi le sens de traverser, passer par, continuer son chemin. Le caractère Nam qui signifie “Sud” servit sans soute à différencier les Viet du Nord qui restèrent en Chine de ceux qui émigrèrent vers le sud de la péninsule.
 
I. La période semi- légendaire
Comme toute vieille nation, le vietnam a sa légende, sa toute première légende qui fait remonter les origines de la race dans la nuit des temps. A en croire les Annales, le roi Lac-Long, illustre descendant des Hông Bàng, de la lignée des dragons (animal fabuleux des mers du Sud et considéré comme le totem majeur des premiers Viêt) se maria avec une immortelle, nommée Au Co, descendante des génies de la montagne. De cette union, naquirent cent garçons tous beaux et forts. Après cet heureux événement, le prince et la fée, conscients de la fugacité de l’existence et de la brièveté inéluctable du bonheur humain, résolurent de se quitter. Au Co partit alors vers la montagne avec cinquante de leurs enfants.
Les autres suivirent leur père vers les rivages des mers du Sud. Cette dissémination permit la naissance des Cent principautés Viêt (Bach Viêt), réparties sur une zone très vaste comprise entre le Fleuve Rouge au Nord, le Champa au Sud, la mer de Chine à l’Est et le Tseu Tchouan à l’Ouest. De toutes ces principautés, la plus dynamique et la mieux organisée semblait être le Lac Viêt, ou Van Lang, littéralement le Pays des lettrés, dont l’étendue correspondait à l’actuel Nord Vietnam et à la partie septentrionale du Centre Vietnam.
En 257 avant JC, le roi An-Duong, descendant des Thuc régnant sur le royaume de Tây Au, l’actuel Yunnan, furieux de s’être vu refuser la main d’une princesse vietnamienne, leva une armée et entreprit l’annexion du Lac Viêt. Il en fit le royaume de Au Lac, (raccourci de Tây Au et Lac Viêt). Le roi An Duong régna jusqu’en 208 avant JC grâce à la protection d’une citadelle en forme de spirale, appelée Loa Thành, construite avec le concours divin de la Tortue d’Or, qui dota l’armée vietnamienne d’une arbalète à tir automatique, et dont la gâchette est constituée par une griffe offerte par la Tortue elle-même.
En 258, le Général Triêu Dà (Tchao-To), qui régnait sur le Nam Viêt, une des cent principautés Viêt de la zone côtière, et située au Nord-Est de l’actuel Tonkin, soumit le royaume d’Au Lac, grâce à un subterfuge matrimonial.
Un semblant de mariage entre son fils Trong Thuy et la Princesse My Châu, fille du roi An Duong, permit d’abord la subtilisation de la fameuse gâchette, et ensuite la conquête de la citadelle aux neuf enceintes, réputée jusqu’alors inexpugnable. La dynastie des Triêu régna jusqu’en 111 avant JC, date d’établissement de la première domination chinoise.

II. La domination chinoise 
La domination chinoise, qui dura à peu près 1.000 ans, de 111 avant JC à 938 après JC, peut être divisée en quatre périodes distinctes :

Première domination chinoise (111 av. JC – 43 ap. JC). 
Le Général chinois Lou Po-to (Lô Bac Duc) détruit le royaume de Nam Yue (Nam Viêt) en 111 av. JC. Le protectorat chinois est établi sur le Tonkin (Giao Chi). En 39-43 ap. JC révolte des soeurs Trung Trac, Trung Nhi, héroines nationales du Viêtnam.

Deuxième domination chinoise (44-543 ap. JC). 
Période des grands gouverneurs chinois civilisateurs: Si Nhiêp, Tich Quang, Sinisation du Viêt Nam (appelé alors: Giao Chi, puis Giao Châu). Formation du Lin Yi, noyau du futur Champa. Campagnes des Chinois contre le Champa.

Dynastie des Ly antérieurs (544-602) 
Période confuse. Les Chinois se maintiennent, malgré plusieurs dynasties vietnamiennes éphémères et parfois rivales: Ly antérieurs, Triêu postérieurs, Ly postérieurs. Légende de la résistance de Ly Nam Dê au Lac de la Nuit. Le royaume reçoit le nom de Van Xuân, puis de Viêt.

Troisième domination chinoise (603- 938) 
Sinisation de plus en plus forte du pays qui reçoit les noms de An Nam Dô Hô Phu (Protectorat Général d’Annam); Trân nam dô hô phu (Protectorat général du Trân Nam). Les T’ang (618-907, et 923-936) marquent le Tonkin de leur empreinte par le Gouvernement de Kao P’ing (Cao Biên), la fondation de Dai La et une forte organisation administrative. Cependant de nombreux soulèvements ont lieu.
Ce fut alors la longue nuit de l’histoire du Viêt-Nam, une nuit de dix siècles, au cours desquels la civilisation chinoise allait solidement s’implanter dans le pays. Il y eut, certes, de nombreux soulèvements, comme ceux des Soeurs Trung en 39-43 après JC, de Triêu Au en 248, de Ly Bôn en. 544, de Phùng Hung en 791, mais les uns furent vite réprimés, tandis que les autres ne connurent qu’un succès éphémère.
 
III. L’indépendance nationale
Cette période d’une durée de mille ans environ peu être divisée en quatre grandes époques.
• Les grandes dynasties nationales (939- l789) ;
• La guerre de sécession et l’unification territoriale (1627-1862) ;
• La colonisation française (1862-1945) ;
• Le recouvrement de l’indépendance nationale (depuis 1945).

Les grandes dynasties nationales 
Il fallut attendre jusqu’au Xe siècle pour que prit fin la longue domination chinoise. Par la célèbre victoire de Bach Dang, en l’année de grâce 939, Ngô Quyên chassa les Chinois du pays et fonda la première dynastie nationale. Pendant dix siècles, huit dynasties allaient se succéder sur le trône du Viêt Nam, avec la même volonté d’organiser et d’agrandir le royaume.

Dynastie des Ngô (939-967)
La capitale du pays est à Cô Loa. En 944, à la mort de Ngô Quyên fondateur de la dynastie, royaume tombe dans l’anarchie et est partagé entre douze seigneurs. C’est la période des douze Su quân.

Dynastie des Dinh (968 – 980)
De cette anarchie sortira le premier roi vietnamien vraiment indépendant: Dinh Tiên Hoàng (963-979) qui fonde la dynastie des Dinh. Le royaume prend le nom de Dai Cô Viêt.

Dynastie des Lê antérieurs (980 – 1009)
Marquée par les luttes contre la Chine et le Champa et la soumission des éléments de trouble à l’intérieur.

Dynastie des Ly antérieurs (1010 – 1214)
La capitale est fixée à Thang Long (Hanoi) en 1010. Poursuite des luttes contre la Chine et le Champa, effort d’unification du pays (des ministres), organisation militaire, administrative, économique du pays. Grande prospérité du Bouddhisme. Le royaume s’appelle Dai Viêt (de 1054 à 1164) puis Annam jusqu’en 1802.

Dynastie des Trân (1225 – 1400)
Poursuite de l’oeuvre d’unification et d’organisation. Luttes victorieuses contre les Mongols au cours desquelles se distingue le Maréchal, prince Trân Hung Dao, devenu héros national. Le pays prend le nom d’An Nam (l164) qu’il gardera jusqu’en 18.02. Lutte contre les pays indouisés : Ai Lao et surtout Champa.

Dynastie des Hô (1400 – 1407)
Hô Qui Ly usurpe le trône. Le pays est la proie de troubles intérieurs graves; les Chinois s’immiscent dans les affaires intérieures.

Domination chinoise des Ming (1407 – l427)
Les Ming finissent par contrôler l’An Nam de 1407 à 1427.

Dynastie des Lê (1428 – 1789)
Lê Loi partant de Lam Son (Thanh Hoa) chasse les Chinois dominateurs après une lutte acharnée de dix ans. Il fonde en 1428 la dynastie des Lê marquée par les faits suivants :
-Organisation militaire, administrative et judiciaire (code des Lê) très poussée
-Développement de la littérature et des études historiques et géographiques. Les ouvrages sont écrits en caractères chinois ou en écriture démotique (nôm). Les écrivains les plus renommés du Viêt-Nam ont vécu sous cette dynastie.
-Triomphe du confucianisme et de la doctrine des lettrés
-Introduction du christianisme par les missionnaires européens. Contacts des vietnamiens avec les commerçants et aventuriers étrangers
-Création du système de transcription quôc-ngu par le Père Alexandre de Rhodes
-Victoire définitive sur le Champa. Occupation du Sud Viêt Nam au moyen de mariages dynastiques. Mariage de princesses vietnamiennes avec les rois du Champa et du Tchen La
-Luttes entre les seigneurs du Nord (Trinh) et les seigneurs du Sud (Nguyên)

Dynastie des Nguyên (1802 – 1945) 
Gia Long, après avoir défait les seigneurs du Nord et la dynastie des Tây Son (1788-1802), fonde la dynastie des Nguyên. Le royaume s’appelle Viêt Nam de 1804 à 1820, Dai Nam à partir de 1820. La guerre de Sécession et l’unification territoriale.
A partir de Gia-Long, le Viêt-Nam allait connaître une courte période de paix qui devait être interrompue vers la seconde moitié du XIX° siècle par l’irruption d’escadres françaises dans ses eaux territoriales.

Les Rois sous la dynastie de Nguyen:

• Gia Long (1802-1819):Thang Chung, Nguyen Phuoc Anh ou Nguyen Anh. Né à Hué en 1759, neveu cadet du seigneur de Hué, Dinh Vuong, il est considéré comme le fondateur de la dynastie des Nguyen. Il eut 31 enfants (13 fils et 18 filles).
• Minh Mang (1820-1840): Nguyen Phuoc Dam, né en 1791, 4ème fils de Gia Long, législateur rigide, il entame durant son règne une politique aux antipodes de celle de son père, anti-européenne et anti-chrétienne (en 1825, il lança les premiers édits de persécution contre les Chrétiens), et centralisa¬trice. Prince éclairé, actif, pourvu de talents d’administrateur, il fit exécuter de nombreux travaux  d’utilité publique, réglementa les études, etc. Il mourut d’une chute de cheval. Il eut 142 enfants (78 fils et 64 filles) dont Prince Tuy Ly et Prince Tung Thien.
• Thiêu Tri (1841-1847): Miên Tong ou Nguyen Phuoc Hoang Thi. Fils aîné de Minh Mang, né en 1807, il poursuivit la politique de son père et mourut d’une attaque d’apoplexie provoquée, paraît-il, par la fausse nouvelle que des navires français se disposaient à bombarder les côtes vietnamiennes. Monarque peu ouvert aux idées réformistes, il se montra résolument hostile à la présence, il est vrai de plus en plus dissolvante, des Européens. Il est réputé avoir fait détruire les objets d’origine occidentale dans le palais. Sous son règne, le Viêt Nam atteignit sa plus grande extension car en 1846, le Cambodge lui aurait cédé la Cochinchine. Il eut 64 enfants (29 fils et 35 filles).
• Tu Duc (1847-1883): Nguyen Phuoc Hoang Nham. Né en 1829, fils cadet de Thiêu Tri et d’une femme de la province de Go Cong (Cochinchine), il fut couronné en novembre 1847 au dépend de son frère aîné Hong Bao, qui fomenta une révolte en 1848. La réaction de Tu Duc fut très violente ; il fit exécuter son frère ainsi que toute sa famille. Accusés de complicité dans ce soulèvement écrasé dans le sang, les chrétiens eurent à subir de nouvelles persécutions. Sa politique anti-religieuse offrit à la France et à l’Espagne un prétexte pour intervenir. Son règne fut endeuillé non seulement par le démembrement progressif du Viêt Nam, mais aussi par le fait que l’Empereur ne put avoir d’héritier. En 1845, la variole suivie d’une complication testiculaire le rendit stérile. Ceci explique les graves crises dynastiques à venir.
• Duc Duc (1883): Fils du Prince Thoai Thai Vuong (+1877), le frère cadet de Tu Duc. Adopté par ce dernier, il lui succéda en juillet 1883, sous le contrôle d’un conseil de régence (dont Nguyen Van Tuong et Ton That Thuyêt). Trois jours après son avènement, il fut déposé et condamné par la cour de Huê à mourir de faim à cause de sa « débauche » (n’avoir pas suivi les prescriptions du deuil et du jeûne). Muré dans un ancien pavillon de repos de son prédécesseur, appelé depuis pavillon Duc Duc, il y meurt au bout d’une semaine. Ce pavillon situé dans l’enceinte de la Citadelle, à l’ouest de la Cité Interdite, fut transformé en pagode à sa mémoire.
• Ham Nghi (1884-1885): Né à Hué en 1870, frère de Kiên Phuc, couronné roi d’Annam avec l’assentiment de la France le 2 août 1884 à l’âge de 13 ans, sous la tutelle des régents Tuong et Tuyêt. Lors du guet-apens de Hué, la nuit du 4 au 5 juillet 1885, il prit la fuite avec Tuyêt et se réfugia avec des mandarins (dont le père d’Hô Chi Minh ) à Cam-lo où des approvisionnements avaient été préparés et d’où fut dirigée l’insurrection contre le protectorat (mouvement Can Vuong). Ham Nghi fut déchu du trône et remplacé par Dong Khanh. Traqué par le capitaine Boulangié de l’escouade des chasseurs annamites, chef de poste de Tha-nac, il fut livré par des Muong, en décembre 1887, à Ta bao, petit village du Haut Giai, après trois années d’errance dans les provinces de Nghê-tinh et du Thanh hóa. Exilé en Algérie (1888), il y sera connu sous le nom de Prince d’Annam. Il se marie en 1904 avec une jeune pied-noir d’Alger, fille du procureur général. Il mourut en 1947.
• Duy Tan (1907-1916): Né en 1899. “Qui a tué le Prince Vinh San ?» En avril 1987, grâce à la volonté de ses enfants et à l’aide importante de M. Jacques Chirac, les restes mortels de l’empereur Duy Tan font l’objet d’une exhumation en Afrique et sont transférés à Hué au Viêt Nam. Une importante cérémonie marque l’événement et Duy Tan repose depuis auprès de ses ancêtres. Détrôné en 1916, il n’a jamais abdiqué, à ce titre, il demeure le dernier empereur d’Annam.
• Khai Dinh (1916-1925): Né avec le titre de Buu Dao, en 1885. Fils unique de Dong Khanh, proclamé empereur le 18 mai 1916, à l’âge de 31 ans. Choisi dans des circonstances difficiles, il eut à lutter pour affirmer une souveraineté érodée par l’administration française. Cherchant à développer un empire moderne, il supprima les concours de lettrés devenus sans rapport avec la réalité contemporaine. Il fut le premier souverain vietnamien à accomplir un voyage en France où il espérait faire comprendre le désir d’autonomie du Viêt Nam par le retour à un véritable protectorat. Frappé d’impuissance, il ne put procréer et ne laissa point d’enfant. Il mourut en novembre 1925.
• Bao Dai (1925-1945): Né prince Vinh Thuy en 1914, fils adoptif de Khai Dinh, couronné en juillet 1926, à 12 ans. Séjourne plusieurs fois en France. Se heurte à l’administration qui le confine dans un rôle représentatif. En août 1945, il abdique et le nouveau régime Viêt Minh le nomme Conseiller Suprême.En 1946, il s’installe à Hong Kong. La France fait appel à lui en 1948, considérant son abdication comme un intermède sans portée. La défaite de Diên Biên Phu permet aux Etats-Unis de placer à la tête du pays Ngô Dinh Diêm qui chasse l’empereur le 23 octobre 1955 par un référendum truqué. Il était détenteur du sceau impérial jusqu’à son décès en juillet 1997 à Paris.

La colonisation française:
En 1858, les Français prennent la baie de Da Nang (francisé en Tourane) à un Viêt Nam qui connaît sa forme actuelle. En 1883, la France annexe le Viêt Nam à son empire colonial. La Cochinchine au sud devient colonie française, ainsi que les villes de Hanoï, Haiphong et Tourane. Le reste du territoire, Tonkin au nord, Annam au centre, reste en principe sous l’autorité directe des empereurs Nguyễn au sein d’un protectorat. Le Viêt Nam fait désormais partie de l’Union indochinoise qui comprend également les Royaumes du Laos et du Cambodge actuels.
« Le contact le plus durable entre le Viêt Nam et l’Europe, l’archéologie de « Oc Eo » dans la région de An Giang a montré des contacts commerciaux plus anciens avec le monde romain, commença en 1535 avec le débarquement à Faïfo du Capitaine portugais, Duc d’Albuquerque, Antonia da Faria, et l’établissement qui en résulta de comptoirs rivaux portugais et hollandais. D’autre part, des missionnaires catholiques romains étaient venus sans doute avant da Faria; mais ce n’est qu’en 1651 qu’une mission catholique romaine permanente fut installée au Viêt Nam. Cependant, c’est à un prêtre jésuite français que l’on doit le catholicisme romain au Viêt Nam et son ancrage culturel, au-delà de l’aspect religieux des rituels magiques. Autrement dit, ce n’est pas seulement en tant que religion, mais également en tant que facteur de civilisation (Paul Mus, p. 85, 1952). Arrivé au Viêt Nam en 1626, à l’âge de 36 ans, Alexandre de Rhodes entreprit d’unifier diverses transcriptions de la langue vietnamienne faites par ses prédécesseurs, en un alphabet latin cohérent accompagné d’accents toniques et de signes diacritiques ».
« Le deuxième prêtre catholique romain à avoir pris place sur les autels des ancêtres au Viêt Nam fut Mr Pierre Joseph Georges Pigneau de Behaine, Évêque d’Adran, qui a épousé la cause du jeune prince Nguyên Anh, alors âgé de 16 ans, qui errait en fugitif dans son pays ancestral. Nguyên Anh fut obligé de s’exiler au Siam (devenu Thaïlande en 1939) et Pigneau ne désespéra pas pour autant : il se rendit en France en 1787 (une France dont la banqueroute financière et morale allait déclencher deux ans plus tard la “Révolution”), avec l’ultime espoir de rassembler une armée pour sauver sa “seconde patrie bien-aimée”. Ce fut un échec. Néanmoins, il réussit à recruter 300 aventuriers français dans les comptoirs français de l’Inde. Avec quelques pièces d’artillerie et deux bateaux, l’expédition se mit en route le 19 juin 1789, à moins d’un mois du jour de la prise de la bastille, pour le Viêt Nam ».
Ce jeune prince Nguyên Anh va devenir l’empereur Gia Long, le fondateur de la dynastie des Nguyễn, grâce à l’appui militaire des Français qui y voyaient une conquête coloniale possible plus tard sous le Second Empire.
Depuis l’arrivée des soldats de l’empereur Napoléon III, les Vietnamiens n’ont cessé de se révolter contre l’emprise coloniale, de Phan Boi Chau à Hô Chi Minh en passant par Ngô Đình Diệm et l’empereur Bảo Đại, chacun selon ses possibilités, à sa manière et sur sa voie. Les résistances vietnamiennes à la colonisation française se sont succédé, des révoltes et jacqueries paysannes à celles des lettrés de Phan Châu Trinh et jusqu’à celle de l’empereur Duy Tan détrôné en 1916 pour patriotisme et exilé à l’île de la Réunion par l’Administration coloniale.
Menés par les « nationalistes » du VNQDD (Viêt Nam Quoc Dan Dang) proche du Guomindang des Chinois nationalistes de Sun Yat-sen, le soulèvement de Vinh et la mutinerie de Yên Bay de 1927 ont échoué et ont rempli les bagnes français qui ont transformé en communistes les nationalistes vietnamiens. Dans les années 1920, il faut noter aussi l’importance prise par le caodaïsme (secte politico-religieuse projaponaise) qui disposait d’une milice armée, comme la secte Hoa Hao dans le delta du Mekong des années 1940. Le film français Indochine (film) se rapporte à cette période des années 1920-50 ainsi que le film américain Un Américain bien tranquille d’après un roman de Graham Greene (A quiet American) qui se rapporte au régime de Ngô Đình Diệm de 1955-1963.
En 1930, le Parti Communiste Indochinois est fondé par Nguyên Sinh Cung, ce dernier se faisant appeler Nguyên Tat Thanh et Nguyên Ai Quôc (Nguyên le Patriote), puis Hồchí Minh (lac de sagesse ou lac de lumière), dans les métamorphoses du personnage décrit par Jean Lacouture, du proscrit Nguyên Ai Quoc, considéré comme un des pères fondateurs du Parti communiste français, au Président de la République Démocratique du Viêt Nam.
En 1932, l’empereur Bảo Đại, de retour d’exil en France où il faisait ses études, instaure une monarchie constitutionnelle sous protectorat français.
Le recouvrement de l’indépendance
A la suite de la neutralisation de l’autorité française, le 9 mars 1945, par les forces japonaises stationnées au Viêt Nam, un premier gouvernement national présidé par feu le professeur Trân Trong Kim s’installait à Hué, en avril de la même année. Par la suite, plusieurs gouvemements se succédèrent à une cadence assez rapide, chacun d’eux ayant dû faire face à de nombreuses difficultés sur le plan interne aussi bien que sur le plan extérieur.
Cette accession de fait à l’indépendance n’en restait pas moins sans valeur sur le plan international. Ce n’est que dix ans plus tard, c’est- à-dire le 4 Juin 1954, que le Gouvernement de la République Française avalisait juridiquement l’indépendance du Viêt Nam, lequel, par voie de conséquence, recouvrait légalement à cette date ses frontières historiques, telles qu’elles figuraient dans les relevés topographiques officiels de 1862.
La grande joie du peuple vietnamien fut de courte durée. En effet, le destin du pays n’en était pas pour autant scellé : un mois plus tard, le 21 Juillet 1954 exactement la Conférence de Genève, entérinant les accords de cessez-le-feu intervenus entre la France et le Viêt minh, décrétait la scission du territoire national en deux portions à peu près égales, selon une ligne de démarcation constituée par le 17e parallèle, approximativement à la hauteur de la Rivière Bên Hai, dans la province de Quang Tri (Centre Viêt Nam).
Les provinces se trouvant au Nord de cette rivière relèveraient désormais de la République Démocratique du Viêt Nam, tandis que les territoires situés au Sud allaient passer d’abord sous la juridiction de l’Etat du Viêt Nam, ensuite sous celle de la République du Viêt Nam fondée le 26 Octobre 1955, après un référendum populaire.
Enfin, le 1er Novembre 1963 une grande révolution menée conjointement par l’armée et le Peuple, réussit à renverser le régime dictatorial de Ngô Dinh Diêm et à instaurer la Seconde République. Depuis lors, plusieurs gouvernements civils et militaires se sont succédé à Saigon.
1963 : Intervention militaire des Etats Unis
1973 : Accord de Paris.
1975 : Fin de la guerre civile de 30 avril 1975: La chute de Saigon. Début d’un million de boat-people…
1976 : réunification officielle en République socialiste du Viêt Nam avec la disparition conjointe et simultanée de la République démocratique du Việt Nam et la République du Việt Nam. Hanoï devient la capitale du pays réunifié et, dans le même temps, Saïgon devient Hô Chi Minh Ville.
Les premiers « boat people » étaient les catholiques du Nord. Ceux de 1975 étaient les hauts dignitaires du régime de Saïgon et ceux de 1980 étaient d’abord les Sino-Vietnamiens (Hoa) et le « petit peuple du Nord» peu habitué à l’austérité socialiste des « moines-soldats » et aux privations qu’ils avaient connues pendant 30 ans de guerre d’indépendance et de réunification. Le choc fut rude pour la culture « festive » des sud-vietnamiens. Le président général Nguyễn Văn Thiệu fut le premier à partir pour Taïwan avant la chute de Saïgon et le général Nguyễn Ngọc Loan (celui qui a exécuté à bout portant un prisonnier ligoté) s’est retrouvé en Virginie.
Ainsi, de 1975 à 1982: plus d’un million furent envoyées en « camps de rééducation » ou dans les « nouvelles zones économiques ». Leurs biens personnels (habitations, commerces, entreprises, terres…) furent confisqués pour une période plus ou moins longue. Plus d’un million de Sud-Vietnamiens fuirent le pays. Au total, trois millions de personnes quittèrent l’Indochine entre 1975 et 1997 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
En janvier 1979: le Việt Nam envahit le Cambodge avec la Troisième Guerre d’Indochine sur deux fronts, au Sud contre le Cambodge pour libérer ce pays des Khmers rouges pro-chinois qui massacrent les régions frontalières avec le Việt Nam et au nord avec la République populaire de Chine à travers le contentieux sino-vietnamien millénaire. L’occupation vietnamienne au Cambodge durera dix ans pour stabiliser le pays jusqu’à la relève par l’ONU.
En 1986 : le marché et la production sont libéralisés avec l’économie politique vietnamienne.
En 1992 : les relations diplomatiques sont rétablies avec les États-Unis et normalisées avec la République populaire de Chine.
En 1994: l’embargo américain est levé, les relations américano-vietnamiennes se normalisent, et l’économie de marché commence à s’appliquer.
Le Viet Nam est officiellement une république socialiste. Le capitalisme y règne en maître et la nomenclature du seul parti autorisé, le Parti communiste vietnamien, contrôle toutes les institutions politiques ainsi que l’économie du pays. L’organe suprême de l’État est l’Assemblée populaire, renouvelée tous les cinq ans. Celle-ci est élue au suffrage universel. Par ailleurs, l’Assemblée populaire élit le président de l’État au rôle symbolique et le premier ministre et son gouvernement. Ils sont les deuxième et troisième personnages de l’État. En effet, au Viet Nam, le premier personnage de l’État est le secrétaire général du Parti communiste.

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