Pour les Vietnamiens, les fêtes traditionnelles sont aussi une grande coutume, un aspect culturel indispensable. Elles constituent un immense trésor historique, manifestant les us et coutumes et la culture folklorique. Il y a des centaines de fêtes annuelles, chacune ayant sa propre caractéristique: fête des gongs, combat de buffles, concours d’éléphants, fête des airs populaires quan ho, lutte, fêtes à la mémoire des héros nationaux. En outre, il y a des jours fériés communs de tout le pays. |
Le mot Têt est une distorsion de tiet, terme qui signifie “fête”. L’appellation complête, Têt Nguyen Dan, ou “fête du Premier Matin de l’année”, fait référence au début de l’année lunaire, qui tombe entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Le calendrier sino-vietnamien est en effet un calendrier luni-solaire, découpé en cycles de douze ans. Chaque année correspond à l’un des douze signes du zodiaque chinois (Rat, Buffle, Tigre, Chat, Dragon, Serpent, Cheval, Chèvre, Singe, Coq et Porc) et se divise en douze mois de vingt-neuf ou trente jours. Afin de faire coïncider ce calendrier avec le nôtre, les Vietnamiens ajoutent tous les quatre ans une lunaison supplémentaire, ou mois intercalaire. Du fait de ce décalage, le Têt est, bien entendu, une fête mobile. |
Les préparatifs
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Une fois débarraassé de la menace des mauvais esprits, on commence à préparer le Têt. On confectionne les célèbres banh chung, traditionnels gâteaux de riz gluant, et autres friandises que l’on offrira à ses proches. Après avoir concocté les repas de la semaine à venir, on commence à décorer la maison de rouge et d’or, couleurs porte-bonheur. Une branche de pêcher en fleur est indispensable à ces célébrations, même pour les familles les plus pauvres. A Hanoi, lors des fêtes du Têt, les tiges de pêcher vendues sur les marchés aux fleurs atteignent 500 000 dongs (environ 20 euros). Dans le centre et le sud du Vietnam, à Hué et à Ho Chi Minh-Ville, une branche d’abricotier en fleur, le canh mai, remplace la tige de pêcher. Cette coutume a pour origine un conte traditionnel selon lequel les Vietnamiens auraient dévouvert le pêcher dans les monts Soc Son, dans le Nord-Vietnam. C’était alors un arbre suffisamment grand pour abriter les divinités bienfaisantes Tra et Uat Ly. Les démons craignaient ces dieux et l’arbre qui leur servait de demeure. Ainsi, tout comme la perche de bambou éloigne les mauvais esprits, cette branche de pêcher protège le foyer d’une éventuelle instrusion de génies malfaisants lorsque les dieux du Foyer et du Sol sont partis faire leur compte rendu annuel à l’Empereur de Jade. Les Vietnamiens font également exploser des pétards, surtout la veille et le jour du Nouvel An, afin de chasser le redoutable démon Na A et sa terrible épouse qui ne supportent ni le bruit ni la lumière. |
La célébration du Têt
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Une fois toutes ces précautions prises, les Vietnamiens attendent calmement l’arrivée du printemps. Le dernier jour de l’année, à minuit, tous les soucis, querelles et transactions commerciales doivent être oubliés. Une trêve s’instaure entre les humains et le monde surnaturel. Il s’agit d’aborder la nouvelle année avec un esprit neuf. Les ancêtres sont solennellement accueillis à la première heure du jour de l’An. Des offrandes de nourriture préparées avec soin, accompagnées de bâtonnets de santal, d’encens et de thai thien, une sorte de narcisse blanc très parfumé, sont disposées sur l’autel ancestral. Les Vietnamiens pensent que tous les actes et événements – favorables ou néfastes – qui surviennent le jour de l’An affecteront l’existence de chacun au cours de l’année à venir. Le premier son que l’on entend est très important et tous les Vietnamiens essaient de le déterminer clairement au milieu des pétards, des gongs et des tambours qui accueillent la nouvelle année. Le chant d’un coq est présage de dur labeur et de mauvaise récolte, tandis que le beurglement d’un buffle annonce, au contraire, une année de bonne récolte. L’aboiement d’un chien est un signe faste. Le hululement d’une chouette est le pire des présages puiqu’il est annonciateur d’épidémie et de désastre. Le premier visiteur qui franchit le seuil d’une maison doit être un homme heureux et vertueux. Les familles sollicitent parfois discrètement une personne de bien avant le Têt, mais celles qui ne veulent courir aucun risque quittent leur demeure à minuit et reviennent quelques minutes plus tard. Selon d’autres croyances, faire des travaux de couture à ce moment – là apporterait des diffcultés pendant toute l’année, tandis que balayer le sol risquerait de chasser Than Tai, le dieu de la Richesse, qui ne trouve peut-être dans la maison. Il ne faut surtout pas jurrer, se mettre en colère, se montrer vulgaire ou casser des verres, car tous ces comportements négatifs attirent les esprits malins. |
L’heure favorable au Xuat Hanh (“cérémonie de la sortie”) qui se déroule généralement au cours de la première nuit ou du deuxième jour de l’année, est déterminée avec soin selon la date de naissance de chacun. Jeunes gens et jeunes filles vont dans un parc ou une forêt des alentours cueillir des loc, rameaux verts qui symbolisent l’espoir et la chance. C’est au cours de cette “promenade du printemps” qu’ils espèrent rencontrer la personne de leurs rêves. Ils rentrent ensuite chez eux pour composer le premier poème de l’année sur un rouleau de papier à fleurs. Ils accomplissent le rite du khai but (“ouverture du pinceau”), l’une des cérémonies du Nouvel An les plus sacrées pour les poètes et les intellectuels. |