Né en Inde du Nord au VIe siècle av.J.-C., le bouddhisme est une religion de salut élaborée par le prince Siddharta Gautama. Celui-ci vit un remède aux souffrances humaines dans l’extinction de tout désir et le renoncement à tout attachement. Ce détachement permet d’échapper au cycle des réincarnations et d’accéder au nirvana, état de félicité suprême. Siddharta Gautama prêcha la non-violence, l’amour universel et la chasteté.
Au Vietnam, le bouddhisme mahayana, ou Grand Véhicule (Dai Thua ou Bac Tong), importé de Chine, est largement majoritaire, tandis que le bouddhisme hinayana, ou Petit Véhicule (Thieu Thua ou Nam Tong), importé d’Inde, n’est observé que par les quelque quatre cent mille Cambodgiens qui vivent dans le delta du Mékong. Les adeptes du Mahayana reconnaissent l’existence d’innombrables bouddhas, ainsi celle des Bodhisattva, sages qui refusent de jouir du nirvana et se réincarnent parmi les hommes afin de les délivrer de la souffrance. Les disciples du Petit Véhicule ne reconnaissent que le Bouddha historique, Siddharta Gautama, et prônent le seul salut individuel. |
Au Vietnam, le Mahayana se divise en deux mouvements principaux: l’école du Dhyana (zen, ou thien, en vietnamien), la plus ancienne, et l’école agama, dite de “la Terre pure” (Tinh Do), plus connue sous le nom d’amidisme.
L’école du Dhyana, fondée sur une profonde ascèse personnelle, prône l’illumination subite, la vision totale des choses par le détachement de l’esprit de toute pensée précise. Ne nourrissant aucune intention particulière, le disciple peut échapper au karma (sa destinée déterminée par le poids de toutes ses actions passées, de ses vies antérieures) et donc au cycle des réincarnations. C’est de cette école que se réclament la plupart des bonzes vietnamiens. Pour sa part, la secte de la Terre pure enseigne qu’il suffit de révérer le Bouddha Amitabha, qui règne sur le Paradis de l’Ouest, ou Terre pure, pour y renaître. La pratique principale consiste à réciter une courte prière invoquant la protection et la pilié d’Amitabha. C’est sous les Ly (1010-1225) que le bouddhisme prit véritablement son essor au Vietnam. En effet, ces souverains administraient le pays en s’appuyant sur des bonzes, qui constituaient alors l’essentiel de l’élite cultivée. Le bouddhisme connut son apogée du XIe siècle au début du XIVe siècle. A l’aide des généreux subsides qu’ils recevaient des princes, les monastères purent constituer de grands domaines fonciers. Les bonzes qui occupaient de hautes fonctions à la cour faisaient ombrage au mandarinat confucéen. En outre, l’opulence de certains monastères n’était pas sans exciter la jalousie des lettrés. C’est au cours du XIVe siècle que les prérogatives des confucéens portèrent atteinte à la position des bouddhistes. La seconde invasion chinois, puis la dynastie des Le postérieurs, qui restaura l’indépendance nationale en 1428, firent perdre au bouddhisme sa prééminence. |
Cette doctrine continua toutefois à jouir d’un grand crédit dans les campagnes, où elle perdit cependant de sa rigueur philosophique en assinilant les divinités locales taoïstes ou animistes. Les bonzes étant bien implantés en milieu rural, les Trinh du Nord et les Nguyen du Sub décidèrent, au XVIe siècle, de s’appuyer sur le clergé bouddhiste pour gouverner. C’est ainsi que furent créées, aux XVIe et XVIIe siècle, les deux principales sectes dhyanistes (Tao Dong et Lien Ton), qui prévalent encore dans le nord du pays.
Mais, dès 1802, la dynastie des Nguyen de Hué réinstaura le confucianisme comme doctrine d’état. A partir des années 1920, les moines des grands sanctuaires entreprirent de rénover le bouddhisme vietnamien. Ils créèrent, en 1951, l’Association générale des bouddhistes du Vietnam. En 1954, après la partition du pays, le dynamisme et les prises de position héroïques des bonzes au Sub-Vietnam contribuèrent à déstabiliser le régime de Ngo Dinh Diem. Le bouddhisme fut sans doute la religion la plus malmenée par les communistes. Dès 1954, dans le Nord, et à partir de 1975, dans le Sub, les moines furent persécutés, les biens monastiques confisqués et, pendant de nombreauses années, le recrutement interdit. A l’heure actuelle, religieux et laïcs sont regroupés au sein de l’église bouddhique du Vietnam, dont les différentes instances organisent la propagation de la foi, le recrutement des bonzes et l’enseignement des textes sacrés. Certaines pagodes ont rouvert leurs portes aux fidèles et aux jeunes aspirants, telle la célèbre pagode Thien Mu, à Hué, qui abritait, en mars 1991, neuf moines et trois novices. La plupart sont entretenues par les fidèles et les moines, qui cultivent des lopins de terre alloués par l’état. Cette politique d’autogestion tend à rendre les communautés monastiques indépendantes. |